« J'ai l'intention d'ériger dans la paroisse natale de Baelen, une maison d'orphelins avec un oratoire où quelques enfants pauvres recevront une éducation chrétienne et apprendront un métier approprié à leurs dispositions. Mon patrimoine doit servir à réaliser ce projet... »
Ces mots, le chanoine Léonard Sühs les écrivait en 1860 depuis Luxembourg à Monseigneur Montpellier, à l'époque Evêque de Liège.
Onze années plus tard, en 1871, le chanoine Sühs, Fondateur de la Congrégation des Sœurs Franciscaines, arrivait de Luxembourg avec trois religieuses pour s'installer au couvent qu'il avait fait construire au sommet du pic de Forges-Baelen, dominant la papeterie familiale.
Pendant 25 années. Forges-Baelen fut un couvent dédié à Saint-Joseph... Même si elles étaient avant tout contemplatives, les sœurs étaient déjà très actives, s'attachant à rendre visite aux malades des communes environnantes.
En 1895, une épidémie de typhus à Dolhain met à nouveau le dévouement des sœurs franciscaines à l'honneur. De couvent, la maison devint pensionnat : l'épidémie avait fait beaucoup de victimes à Dolhain et de nombreux enfants se retrouvèrent orphelins. La commune demanda aux sœurs de recueillir ces enfants. Dans cette épidémie, deux sœurs ont laissé leur vie.
Afin d'accueillir ces enfants, un imposant bâtiment fut construit, devenant en 1896, le Pensionnat Saint-François ; une ère nouvelle vit donc le jour : pendant 44 ans, l'établissement reçut surtout des pensionnaires payants, enfants de la classe ouvrière, agricole et moyenne, de la région de Verviers, principalement.
Dans les années d'entre-deux guerres, le Pensionnat Saint-François, avec ses 150 garçons, menait une vie paisible et prospère sous la direction de Soeur Léonarda.
Survint la seconde guerre mondiale, Forges devint territoire allemand, alors que Dolhain restait « libre », si l'on peut dire.
Pour les sœurs et quelques 50 enfants, ce fut le nécessaire exil jusqu'à Antheit durant l'entièreté du conflit.
En 1946, de retour à Forges-Baelen, le pensionnat devient « Home » et est alors réservé aux enfants pauvres et moralement abandonnés. Il permet d'accueillir 120 enfants répartis en deux groupes. Le home devient une maison d'éducation, d'instruction, de formation solide et concrète. Depuis cette date, le home n'a cessé de se perfectionner.
Si on peut associer le nom du vénéré chanoine Sühs pour la création du Couvent, celui de Soeur Radegonde au développement du pensionnat, ceux de Soeur Leonarda et de Soeur Lucie à la naissance et à la croissance du Home, le nom de Soeur Marie-Jacques est inscrit dans nos annales comme la Supérieure et la Directrice énergique de la Rénovation : la maison s'adapte à la nouvelle loi sur la protection de la jeunesse, les enfants sortent davantage de leur milieu renfermé et se rendent notamment à l'école primaire à Dolhain ou à Baelen. Le home se réorganise aussi en 5 pavillons : «Chez nous», «Clair séjour», «Gai logis», «Beau site» et «Oasis». Soeur Marie-Jacques reçoit même les honneurs d'une visite royale en 1969 !
En 1972 le home se dote d'un statut juridique et devient ASBL. Les premiers professionnels laïcs sont engagés.
En 1988, Soeur Marie-Jacques prend une retraite bien méritée et la direction de la maison m'est confiée.
En 1991, se crée un Centre d'Accueil d'Urgence « La Cordée » pouvant accueillir 7 enfants et adolescents pour lesquels un accompagnement de 15 jours est indispensable. De 1991 à aujourd'hui, ce sont près de 1600 jeunes qui ont bénéficiés de ce centre d'Accueil.
Un centre d'hébergement peut aussi accueillir 39 jeunes.
L'année 2000 marque encore un tournant dans l'histoire du home. La communauté des Soeurs Franciscaines de Luxembourg, avec laquelle il me plaît de souligner l'excellente collaboration, particulièrement avec Sœur Gemma, fait don et cadeau de l'ensemble des bâtiments à l'ASBL Fondation Françoise Dufaing. Celle-ci devra désormais assumer le défi de gérer et de rentabiliser l'ensemble du patrimoine de Forges-Baelen.
En 2002, création du SASE « Traits d’Union »
En 2018, se crée le troisième SRG Osmose.
Et en 2024, création du SAMI « Alinéa ».
Si nous avons évoqué au passage la mémoire de quelques Supérieures et Directrices remarquables, on ne peut oublier toutes les autres Soeurs méritantes, institutrices, éducatrices, infirmières, fermières, boulangères, cuisinières, lavandières ou couturières...
Toutes ont contribué pour leur part à la bonne marche de Pensionnat ou du Home.
Bernard Brach
